
Depuis, j’ai continué mes observations de la faune et de la flore dans les Hautes-Alpes françaises, suisses, italiennes, et ailleurs.
C’est pour répondre à cet appel de la nature, que je n’ai cessé, au fil des années, de tenter de saisir, avec toutes les ressources de l’art pictural, les étincelles de vie qu’elle recèle.
Qui n’a rêvé de fixer ces instants magiques ?
Les photographes, le font à leur manière.
Pour moi, qui suis dessinatrice, je préfère m’installer là où ces merveilles se produisent, et laisser glisser mon crayon sur les bouts de papier que j’emporte dans mon sac à dos. Ensuite, de retour à mes foyers, je m’inspire de ces esquisses et reconstitue les traces fugaces du jardin secret entrevu.
Bonheur éphémère, certes, mais qui nourrit l’âme et… laisse une trace graphique sur la toile.
Mais il y a tant et tant de choses à dessiner. Tout artiste a sa perception personnelle du monde, son angle de vue et son échelle propres. Mon monde à moi, c’est celui de l'infime, voire de l’infiniment petit. Il m’a toujours fascinée. Peut-être parce que les humains, utilitaristes et pressés, ne le voient pas. J’ai la prétention 'insensée' de les aider à corriger leur myopie en leur prêtant mes lunettes microscopiques.
Il est dommage, en effet, que les entomologistes soient les seuls à s’intéresser à ce milieu, aussi lilliputien que passionnant, dans son fourmillement sans fin de créatures minuscules, dont on découvre, quand on descend à leur échelle, que chacune diffère de l’autre de manière souvent radicale, parfois comique, toujours originale.
Mais capter un phénomène et le reproduire avec toutes les ressources de la technique ne suffit pas pour entrer véritablement en contact avec cette part spécifique de la nature. L’art n’est pas seulement saisie et représentation. L’artiste, s’il l’est vraiment et s’il prétend traduire sa vision, doit entrer en communication avec l’objet de son observation, pour qu’elle devienne contemplation, communion.
S’il y parvient, et seulement à cette condition, il aura réalisé, à son niveau et par le truchement de son art, le rêve des alchimistes : transmuter un métal quelconque en or pur.
Tel est l’effort de ma vie : parvenir moi-même et, si possible, amener celles et ceux qui regardent mes toiles, à l’osmose, qui n’est autre que l’interpénétration entre l’être contemplé et celui qui le contemple.
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